Architecte, designer, décorateur d’intérieur, photographe, pilote de voiture de course, moniteur de ski… Carlo Mollino (1905 – 1973) est l'un des designers et artistes les plus iconiques de l’Italie du XXe siècle. Héritier spirituel des artistes futuristes, ce génie créatif excentrique a réalisé des meubles, des bâtiments, des photographies érotiques et même des voitures de course ! Sa conception très expressive du design, étiquetée "baroque turinois" pour son biomorphisme exubérant s'oppose au rationalisme des designers milanais de...
Architecte, designer, décorateur d’intérieur, photographe, pilote de voiture de course, moniteur de ski… Carlo Mollino (1905 – 1973) est l'un des designers et artistes les plus iconiques de l’Italie du XXe siècle. Héritier spirituel des artistes futuristes, ce génie créatif excentrique a réalisé des meubles, des bâtiments, des photographies érotiques et même des voitures de course ! Sa conception très expressive du design, étiquetée "baroque turinois" pour son biomorphisme exubérant s'oppose au rationalisme des designers milanais de l’époque. Carlo Mollino est décédé en 1973, laissant derrière lui une œuvre éclectique très audacieuse, à la fois baroque, futuriste et teintée d'Art déco. Inspirées par sa maxime ‘’ tout est permis tant que c’est fantastique’’, ses créations sont rares et fascinent : des pièces, souvent uniques, vendues à des prix exorbitants, qui prouvent l'intérêt que le monde de l'art porte à ce génie hors du commun. Aujourd’hui, Carlo Mollino est reconnu pour sa contribution considérable au design et à l’architecture. Ses créations iconiques sont exposées parmi les collections permanentes du Centre Georges Pompidou à Paris, le Victoria and Albert Museum à Londres, et le Brooklyn Museum à New York.
Né en 1905 à Turin, Carlo Mollino étudie l'ingénierie et l'histoire de l'art avant de s'inscrire à l'Ecole d'Architecture de Turin dont il sort diplômé en 1928. Il commence sa carrière d'architecte en 1930, au cours de laquelle il remporte de nombreux projets d'envergure. Son premier succès est une maison à Forte dei Marmi pour laquelle il reçoit un prix d'architecture. Il conçoit l'auditorium de la RAI en 1952. Il est connu pour la construction de l'immeuble de la chambre de Commerce et de l'audacieux théâtre Regio à Turin aux allures d'origami. La société hippique de Turin, détruite dans les années soixante, est considérée comme son chef-d'œuvre. L'élégance de la créativité de Mollino se révèle dans les jeux graphiques des lignes architecturales et l'utilisation de la lumière.
En tant que designer, Mollino conçoit à partir des années 1930 des meubles en série limitée au style baroque, organique et futuriste. Il imagine régulièrement des pièces spécialement pour les immeubles qu’il a créés. Dans les années 1950, Carlo Mollino abandonne le design industriel pour se concentrer sur la conception de pièces uniques célébrant l’exploitation de formes et de matériaux innovants. Un choix qui l'a bien éloigné de la production de masse, alors très répandue. Il faut plusieurs années à Mollino pour finaliser la conception de ses meubles qu’il fait fabriquer par de petits artisans choisis, afin qu’il puisse opérer des changements de dernière minute si nécessaire. Chercheur insatiable, il teste de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux. Il a fait même breveter un procédé de moulage de contre-plaqué à froid. Son esprit qui fonctionne de manière ultra-précise ne laisse rien au hasard, notamment dans sa manière d’élaborer ses pièces. Au point que l’ingénieur Cattaneo, un de ses clients les plus importants, finit par le prier de ne plus produire pour lui tant il est cher. Ce parti-pris, à l’encontre des envolées techniques exploitées par ses contemporains, sera reconnu bien plus tard comme un trait de génie. Ses œuvres uniques, aujourd'hui entrées dans l’histoire, sont des objets de collection très prisés.
Ses lignes anthropomorphes et à l’inspiration organiciste démontrent l’excellence dans la conception et l’harmonie des meubles de l’architecte. La table Reale, en 1946, dont le piètement évoque une structure japonisante garde encore des formes rectilignes. Son bureau Le Cavour conçu en 1949 est une illustration de son audace. L'équilibre du meuble est donné par un piètement asymétrique, d'une part un arc de bois agrémenté d'un tiroir, de l'autre un bloc-tiroirs, le tout soutenant un plateau de verre. La même année, il crée la table basse Arabesque aux plateaux en verre et piètement en contreplaqué cintré qui évoque une vague de style Art Nouveau. Les formes imaginées par Carlo Mollino, inspirées de la nature, s'affranchissent de la pesanteur. Les fauteuils cossus, comme Ardea, vous invitent à un repos bienfaisant et protecteur. Par ses formes, l'artiste nous emmène dans son monde onirique.
Carlo Mollino est un personnage excentrique, ses talents et ses passions sont multiples. Outre le ski pratiqué à haut niveau, la course automobile l'attire au point qu'il court les 24h du Mans en 1955 au volant de la voiture - digne du film "Retour vers le futur" –, qu'il a dessinée. En merveilleux fou du volant, il est également pilote d'avion d'acrobatique. Un autre aspect de la personnalité de l'artiste est son intérêt pour la photographie qu'il pratique toute sa vie, il a d'ailleurs écrit à ce sujet. Il est parmi les premiers à exploiter les possibilités expressives des Polaroids. Ses clichés polaroid à tendance érotique réalisés à la fin de sa vie sont les plus connus.
La manière dont Mollino a fusionné ses propres passions et sa pratique professionnelle était du jamais vu pour l’époque. Son travail et sa personnalité étaient si intimement liés qu’il était assez difficile de le catégoriser : Mollino était un homme éclectique, ironique et excentrique, qui menait une vie libérée.
Pays : Italie